Le Conseil européen des écrivains (EWC), le Conseil européen des associations de traducteurs littéraires (CEATL) et la Fédération des éditeurs européens (FEP) lancent un appel commun face à l’essor des livres générés par intelligence artificielle (IA). Dans une déclaration conjointe, ces organisations mettent en garde contre la multiplication de ces “faux livres”, soulignant les dangers économiques, culturels et éthiques associés à leur prolifération.
Des livres créés par des machines, mais pas par des auteurs
Les signataires de l’appel insistent sur un point fondamental : les œuvres d’art doivent être créées par des êtres humains, et non par des modèles d’intelligence artificielle. Ces derniers, bien qu’ils puissent produire des textes, ne sont pas capables de créer des œuvres véritablement créatives. En conséquence, ces livres générés par IA ne peuvent prétendre à la protection des droits d’auteur, une condition essentielle pour la reconnaissance et la valorisation des œuvres culturelles. Selon les signataires, cette situation met en péril l’avenir de la création littéraire et de l’industrie du livre.
Des dangers pour les écrivains, traducteurs et éditeurs
Le principal danger évoqué par les écrivains et les éditeurs est le tarissement des sources de revenus légitimes pour les professionnels du livre, tels que les écrivains, les traducteurs littéraires, les éditeurs et les libraires. Avec l’augmentation de ces « faux livres », l’industrie du livre risque de voir sa chaîne de valeur sérieusement perturbée, compromettant les conditions économiques des créateurs et des acteurs culturels. Ces œuvres générées par IA ne peuvent en aucun cas remplacer la narration authentique et l’écriture créative, des éléments fondamentaux de la culture humaine.
La nécessité d’un cadre juridique strict
Les organisations signataires appellent à une transparence maximale concernant les produits générés par l’IA. Elles demandent un cadre juridique et réglementaire clair pour permettre de distinguer clairement les œuvres humaines des produits artificiels. Une telle transparence serait bénéfique pour les lecteurs, en garantissant l’équité et le choix entre des œuvres authentiques et des produits générés artificiellement.
Un appel aux États membres de l’UE et à la Commission européenne
Dans leur appel, les organisations demandent également aux États membres de l’Union européenne et à la Commission européenne de veiller à ce que les financements publics destinés à la culture ne soient pas utilisés pour soutenir des produits créés par des IA, notamment dans des bibliothèques financées par fonds publics. Elles exigent également des campagnes de sensibilisation pour mieux informer les consommateurs sur les différences entre une œuvre véritablement culturelle et un produit créé par IA.
L’Union européenne doit protéger la culture humaine
Pour conclure, les organisations soulignent le rôle fondamental des livres dans la protection de la démocratie, la promotion de l’empathie et la liberté d’expression. Elles appellent l’Union européenne à prendre des mesures concrètes pour défendre et valoriser les œuvres humaines et protéger la culture authentique contre la montée de produits artificiels.
Vers un avenir régulé pour l’IA dans le domaine culturel
Alors que l’AI Act, législation européenne sur l’intelligence artificielle, entrera en vigueur en 2025, cet appel des écrivains et éditeurs met en lumière les défis futurs que l’IA posera à la culture et à la création artistique. La législation, bien qu’encourageant l’innovation, doit aussi veiller à ce que l’humain reste au cœur de la création littéraire.